Chapitre 3 : les courants de pensée et système économique
Objectifs du chapitre :
- L'étudiant doit être capable de distinguer les grands courants de la pensée économique tout en situant les uns rapports aux autres.
- Revenir à l'histoire, au passé, pourquoi faire ?
- L'existence d'une relation étroite entre la pensée et la réalité rend obligatoire le recours à l'histoire.
- Ce retour à l'histoire a généralement l'objectif de la simplification de la perception ou la représentation des phénomènes économiques (certes, la carte n'est pas le territoire, mais cette dernière nous facilite la circulation).
Section 1 : Constitution progressive de la science économique
Il existe depuis longtemps, des économistes ( des observateurs de la réalité économique, qui ont cherché à la comprendre) :
- Âge de l'antique : Platon, Aristote.
- Moyen-âge : Ibn-khaldoun et Al Merkizi, au 14 ème siècle.
Les économistes apparaissent surtout à partir de 16 ème siècle, notamment au moment où la production et les échanges deviennent importants.
Cependant, il faudra attendre encore longtemps, jusqu'au début de 18 ème siècle, pour qu'une véritable science économique se constitue.
Généralement la période de la constitution de la science économique peut être divisée en trois principales phases :
- une première ( Ébauche de la science économique) : on peut délimiter cette phase entre les années 1758 er 1867.
- une deuxième (science économique abstraite) : cette phase se caractérise par l'approfondissement des mécanismes économiques. On peut délimiter cette phase entre 1867 et 1936.
- la troisième c'est à partir de 1936 : à partir de cette date, la science économique opérationnelle se constitue et se développe.
A. L'Ébauche de la science économique
1. Les pré-classiques :
le premier mouvement de pensée économique pré-classiques s'est développé de la Renaissance à la révolution industrielle.
Il est essentiellement constitué de deux courants opposés :
- Les mercantilistes
- Les physiocrates
1.1. Les mercantilistes
- Antoine Montchrestien de Waterville, né à Falaise en 1575, est un poète, dramaturge et économiste français.
- Thomas Mun, né le 17 juin 1571, à Londres Royaume Unie, était un homme d'affaires et economiste anglais du 17ème siècle.
- Olivares et Ortiz (nationalités espagnole)
Ils soutiennent l'idée que l'Etat accroît sa force en favorisant l'enrichissement des citoyens.
La richesse apparaît comme la valeur suprême.
Cette richesse se fait par l'accumulation des métaux précieux.
La nation qui possède ces métaux précieux doit s'efforcer de les protéger et d'empêcher leur fuite hors du pays.
Pour cette raison, les mercantilistes encouragent le commerce extérieur.
L'importance des métaux précieux dans la richesse de la nation conduit les mercantilistes à développer :
- le commerce extérieur.
- l'industrie afin d'avoir une balance commerciale excédentaire.
Pour avoir une balance commerciale excédentaire, le rôle de l'Etat est important par ses politiques dirigistes (contrôle douanier par exemple).
1.2. Les physiocrates :
Ils s'opposent aux idées des mercantilistes
L'activité créative de la richesse est l'agriculture :
- la richesse ne dépend pas de l'or mais de l'agriculture.
- l'industrie ne multiplie pas les biens, elle ne fait que les transformer (processus de production).
1 ère tentative de simplifier l'économie (circuit économique), par François Quesnay publié en 1758 "le tableau économique".
1 ère à schématiser l'économie (circuit économique).
Le père fondateur de ce courant est François Quesnay, né le 4 juin 1694 à Méré et mort le 16 décembre 1774 à Versailles, est un médecin et économiste français, penseur du roi Louis XV et l'un des fondateurs de la première école en économie, l'école des Physiocrates.
"Le tableau Économique" de Quesnay :
- classe productive ( les fermiers )
- classe des propriétaires terriens
- classe stérile ( Qui ne produit ) : artisans, commerçants, fonctionnaires...
On constate d'après le tableau économique de Quesnay, l'absence complète de l'Etat dans la représentation de l'économie.
L'intervention de l'Etat est totalement dépassé par Quesnay.
L'œuvre de Quesnay sera poursuivre par des auteurs anglais dont les principaux sont : Adam Smith, David Ricardo, Malthus et Stuart Mill.
2. Les classiques :
Avec la révolution industrielle (1784 date d'invention de la machine à vapeur) et l'évolution de la société qu'en résulte, la doctrine physiocratique perd sa pertinence (importance).
Comment soutenir encore l'agriculture, considéré comme seule source de ressource, dans le contexte de la révolution industrielle qui fait apparaître de nouvelles classes sociales dont l'enrichissement repose sur l'industrie (non plus sur la terre)?
Père fondateur de ce courant :
- Adam Smith (1723 - 1790) est un philosophe et économiste britannique des Lumières, il reste dans l'histoire comme le père des sciences économiques modernes, dont l'œuvre principale, publié en 1776, "La Richesse des Nations".
Selon les classiques, la richesse provient du travail de l'homme à l'inverse des pré-classiques (mercantilistes : métaux précieux et physiocrates : terre).
Théorie de la valeur du travail :
- la valeur d'un bien = quantité du travail nécessaire pour produire ce bien (nombre d'heures).
- la division du travail et la spécialisation engendrent une plus grande richesse des nations.
2.1. Libéralisme économique :
Selon ce courant, le marché constitue le régulateur le plus efficace de l'activité économique. L'Etat ne doit intervenir, il doit juste se contenter des fonctions régaliennes (police, défense, justice...). C'est un "Etat gendarme" :
- Économie de marché : confrontation entre offre et demande.
- L'autorégulation de l'économie : par la "main invisible" de Adam Smith, le marché obéit à un principe de régulation automatique.
La pensée classique repose donc sur la doctrine du "Laisser faire - Laisser passer" qui découle du principe de la main invisible.
Donc l'Etat doit laisser produire (Laisser passer les produits).
Si on ajoute à cette liberté de produire à la "spécialisation", la production sera avantageuse : il s'agit d'une division internationale du travail (DIT).
Ces deux variables (spécialisation et division du travail) permettraient de réduire les prix de la croissance de la production avec le reste du monde. Il s'agit de la "théorie des avantages comparatifs" de David Ricardo.
2.2. L'individualise des agents :
Ce courant suppose la "rationalité" des agents économiques et que l'être humain est motivé par la recherche de son intérêt personnel et par le désir d'obtenir le maximum de satisfaction.
Cette recherche s'appuie sur les droits de propriété individuels et privés.
Selon Adam Smith, l'intérêt général est résultant des intérêts individuels.
2.3. L’existence d'un équilibre économique permanent :
Selon ce courant, un système classique basé sur le principe de la liberté économique conduit naturellement vers un équilibre de plein emploi (réduction du chômage) : l'équilibre sur le marché des biens et services et monétaire conduit naturellement à l'équilibre sur le marché du travail et réduit le chômage (le plein emploi des facteurs de production).
Donc l'Etat ne doit pas intervenir :
"La meilleure chose que l'Etat puisse faire est de ne rien faire".
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