Chapitre 4 : Le cycle de vie du produit
1. Introduction :
Le
produit naît, vit et meurt. En effet, après être lancé sur le marché, il y
restera plus ou moins longtemps : parfois seulement quelques semaines, parfois
plusieurs dizaines d'années. Sa vie suit donc un cycle biologique, comme tout
être humain.
Plusieurs
questions se posent alors : comment donner à notre produit la vie éternelle ?
Et comment assurer sa rentabilité tout au long des périodes de sa vie ?
L'objectif de cette première partie est de vous apporter des éléments de
réponse à ces questions.
1.1. Le cycle de vie du produit :
La courbe de cycle de vie est un outil d'analyse des ventes d'un produit sur un marché : on suit ainsi l'évolution de ses ventes depuis son introduction sur le marché jusqu'à son retrait.
Théoriquement, les ventes d'un produit suivent une courbe en cloche :
- En phase d'introduction, de lancement du
produit, les ventes décollent doucement, le temps que le produit
s'installe sur le marché, soit distribué dans les points de vente et se
fasse connaître. Les bénéfices sont donc souvent réduits, voire négatifs
en raison du faible niveau de ventes et de l'importance des dépenses
promotionnelles et commerciales de lancement.
- Puis, on observe une phase de croissance, où les ventes
s'accélèrent : les vertus du produit commencent à se faire
connaître, le produit rencontre son marché, il est de plus en plus présent
dans les magasins et visible. Les investissements se rentabilisent, mais
les premiers concurrents arrivent.
- Le rythme des ventes stagne ensuite : c'est la
maturité du produit, de nouveaux produits concurrents plus compétitifs peuvent
apparaître, la concurrence se fait de plus en plus rude. La concurrence
s'axe sur les prix, et ce sont les 2 ou 3 concurrents les plus compétitifs
qui resteront sur le marché.
- Puis le produit vieillit, est remplacé par
des nouveaux. Ses ventes régressent, jusqu'à ce qu'il soit retiré du
marché. Les prix sont généralement en baisse afin d‘écouler les stocks.
Voici
théoriquement, comment les ventes d'un produit devraient évoluer sur un marché.
Mais ce n'est en aucun cas un instrument de planification des ventes :
dans la réalité, ces phases peuvent être allongées ou raccourcies. Les
responsables marketing travaillent justement dans l'objectif de raccourcir la
phase d'introduction, et d'allonger les phases de croissance et de maturité
jusqu'à retarder au maximum le déclin : on pourrait ainsi dessiner la
courbe de cycle de vie « idéale ».
-> En
réalité, des phases peuvent être allongées ou raccourcies.
Exemples atypiques
Dans la
réalité, des produits connaissent des cycles de vie très atypiques et donc très
éloignées de la courbe de cycle de vie théorique. En voici quelques
exemples :
- Échec : les ventes de décollent pas, et
le produit est rapidement retiré du marché. C'est le cas de nombreux nouveaux
produits de grande consommation qui sont rapidement retirés des rayons des
grandes surfaces s'ils ne rencontrent pas rapidement une demande
suffisante.
Figure 5 : Exemple de cycle de vie atypique :
l'échec
- Apprentissage long : certains produits peinent à trouver leur marché. C'est le cas par exemple de la TV couleur, les consommateurs ayant attendu que leur TV noir et blanc sont hors d'usage pour la remplacer par un téléviseur couleur. Dans de tels cas, les entreprises doivent patienter et prendre le temps d'éduquer les consommateurs à la consommation, à l'usage de ces nouveaux produits.
Figure 6 : Exemple de cycle de vie atypique :
l'apprentissage long
- Effet de mode : C'est le cas
des trottinettes.
Figure 7 : Exemple de cycle de vie atypique : l'effet
de mode
Feu de
paille : c'est le cas des Gadgets, des jeux pour enfants
comme les Pokemon. L'adoption du produit est rapide, mais les consommateurs
s'en lassent également très vite.
Figure 8 : Exemple de cycle de vie atypique : le feu
de paille
Feu de
paille avec marché résiduel : c'est le cas généralement des jeux de société,
comme le Trivial Poursuit.
Figure 9 : Exemple de cycle de vie atypique : le feu
de paille avec marché résiduel
- Introduction manquée : C'est un
phénomène très intéressant, car la démarche marketing est primordiale pour
accompagner le lancement de certains produits et faire en sorte qu'il
rencontre son marché. Ce peut être un produit dont la cible a été
initialement mal définie ou un produit qui doit attendre que le marché
mûrisse, que des produits complémentaires soient mis au point pour le
valoriser. C'est le cas des ordinateurs dont un premier lancement dans les
années 80 n'avait pas été concluant car ils n'étaient pas encore
suffisamment performants, et que peu de logiciels avaient été développés
pour valoriser leur utilisation.
Figure 10 : Exemple de cycle de vie atypique :
introduction marquée
-> Le
cycle de vie n'est pas subi par l'entreprise : elle
doit s'adapter au marché pour rester dans les phases de croissance et de
maturité.1.2. La stratégie marketing en fonction des phases du cycle de vieLa stratégie marketing évolue en fonction de la phase du cycle de vie dans laquelle se trouve le produit car chacune de ces phases comporte des caractéristiques spécifiques :· Les caractéristiques de la cible :Lors de son introduction sur le marché, le nouveau produit touchera en priorité les consommateurs innovateurs, recherchant les nouveautés et les premiers à les adopter. Puis, une première partie des consommateurs va découvrir le produit, la majorité précoce.En phase de maturité, le produit sera acheté par un groupe de consommateurs qui va finalement adopter le produit : la majorité tardive. Enfin, les retardataires, peu intéressés par la technologie seront séduits par la baisse du prix du produit lors de son déclin.· Les coûts :Les coûts au départ élevés pour installer le produit dans les circuits de distribution et le faire connaître diminuent au fur et à mesure que les ventes augmentent.· Les objectifs de la stratégie marketing :Ils sont donc tout d'abord de développer la demande et de lever les éventuels freins ralentissant la demande (on est dans des stratégies de notoriété et d'essai), puis de gagner des parts de marché sur les concurrents (on travaille sur les avantages concurrentiel du produit pour installer une préférence pour la marque), afin d'augmenter le profit, puis de diminuer les dépenses et de récolter les derniers bénéfices (on travaillera sur la fidélité à la marque pour préserver au maximum sa clientèle actuelle).· La politique produit :Si au départ, les entreprises investissent généralement les marchés avec des gammes courtes, moins coûteuses, pour développer la notoriété et l'image de la marque, la gamme de produits est généralement étendue par la suite afin de maximiser sa visibilité et sa présence sur le marché. En phase de déclin, la gamme sera réduite aux références clés de la marque.Compte tenu de ces données, 2 stratégies de prix sont possibles au lancement d'un produit :· Écrémage : il consiste à pratiquer un prix fort pour maximiser la marge sur le peu de ventes auprès des innovateurs, généralement peu sensibles aux prix.· Pénétration : elle consiste à baisser le prix à son maximum, quitte a réaliser une marge négative, de façon à faire essayer le produit à un maximum de consommateurs et à créer de la notoriété.
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